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Neurosciences : Comment l'art nous guérit
Par Elsa Mourgues. Publié le jeudi 7 janvier 2021

Saviez-vous qu'un tableau peut diminuer les effets de la maladie de Parkinson ou que des notes de musique augmentent les chances de survies d’un malade du cancer ? Voici ce qui se passe dans notre cerveau quand l’art nous guérit.
Aujourd’hui à Montréal, si vous souffrez de dépression, ou de certaines maladies chroniques comme le diabète et même si vous êtes en soins palliatifs, votre médecin peut vous donner une "prescription muséale" : une ordonnance pour aller visiter un musée accompagné d’un proche ou d’un aide-soignant. C’est de l’art thérapeutique et c'est ce qu'étudie le neurologue Pierre Lemarquis, auteur du livre L'art qui guérit, aux éditions Hazan, novembre 2020.

Les multiples bienfaits de l'art
Suivre une chimiothérapie en musique permet d’en atténuer les effets secondaires comme les douleurs, la fatigue, les nausées, la perte d’appétit, les malaises, etc. La musique et les arts visuels sont utilisés pour lutter contre la maladie d’Alzheimer. Un moyen d'aider les malades à raviver leurs souvenirs, leurs goûts, leur identité. Comme le montre la vidéo de cette ancienne ballerine se souvenant d’une de ses chorégraphies en écoutant la musique sur laquelle elle dansait.

"Les bienfaits de l’art sont connus depuis des millénaires d'après le docteur Pierre Lemarquis :
C’est Aristote qui a peut-être le premier conceptualisé l’effet cathartique de l’art. Il nous dit dans son art poétique que si on va au théâtre, le fait de regarder les acteurs ça nous permet de vivre par transitivité leurs émotions et donc peut-être de se purger de nos pulsions. Aristote est confirmé par les travaux des neurosciences
"

L'art, ce médicament
"En observant un tableau, on ressent une palette d’émotions, de sensations. C’est en partie parce que l’art provoque des réactions chimiques dans notre cerveau.
On peut considérer qu’il agit presque comme un médicament parce que qu'est-ce qu’on trouve comme substances qui sont sécrétées en réaction en particulier à une œuvre d’art ? On va avoir de la dopamine, il y a certainement sécrétion de sérotonine, ce qu’on trouve dans tous les antidépresseurs, on va avoir aussi des effets sur la morphine endogène
"

Dr. Pierre Lemarquis, neurologue

Regarder un tableau provoque des réactions chimiques dans notre cerveau
Ces hormones jouent des rôles essentiels dans notre organisme. La dopamine par exemple est impliquée dans la motricité, c’est cette substance qui manque aux personnes atteintes de la maladie de parkinson. C’est elle aussi qui agit directement sur la partie de notre cerveau qui gère l’élan vital, notre envie de vivre.
Quant aux visites au musée des patients diabétiques à Montréal, elles leur permettent de diminuer leur taux de cortisol l'hormone du stress.

"On sait aussi que quand on voit une œuvre d’art, par exemple si on voit la Joconde, notre cerveau fonctionne comme si on était réellement en face d'une femme, face à Mona Lisa. Comme si on était en train de discuter avec elle. Curieusement, les œuvres d’art qui ne sont pas des entités biologiques, sont perçues par notre cerveau comme si c’était des personnes vivantes"
Dr. Pierre Lemarquis, neurologue

En assimilant l’art à des personnes, notre cerveau active les "neurones miroirs" liés aux circuits de l’empathie, ce qui explique qu’une chanson puisse vous réconforter. L’art active aussi les circuits neuronaux du plaisir et de la récompense stimulant notre goût de vivre.

Des connexions neuronales s'activent au contact de l'art
En 2019 l’OMS a publié un rapport basé sur 900 articles scientifiques. Les chercheurs ont réparti les formes d’art en 5 catégories :
 arts visuels
, arts de la scène
, culture (musée, festivals,...)
, arts numériques
, littérature  
Dans toutes ces catégories, les résultats sont positifs sur l’impact de l’art sur notre santé. Les arts apportent une aide psychologique, mais aussi physiologique, sociale et comportementale, en procurant une sensation de bien-être. Pourtant cette piste médicale reste largement sous-exploitée aujourd’hui.
L’OMS préconise par exemple de développer l’accès :  à la musique lors d’opérations chirurgicales, à l’art dans les hôpitaux, etc.

"Un jour on saura peut-être qu’il n’y avait pas d’art mais seulement de la médecine"
J. M. G. Le Clézio, écrivain

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Pourquoi la couleur a disparu de notre quotidien : France Culture

Par Alexis Magnaval. Publié le jeudi 20 octobre 2022

Sur les carrosseries de nos voitures, sur les murs de nos villes ou dans nos garde-robes, la couleur semble avoir disparu de notre environnement quotidien. Si notre monde s’affadit, c’est pour une question de goût, de consommation et d’influence des avant-gardes.
“Souvenez-vous des maisons de campagne de nos grands-parents ! s'exclame le designer Jean-Gabriel Causse. Il y avait la chambre bleue, la chambre verte, la chambre rouge !” La couleur semble avoir disparu de notre environnement depuis une trentaine d’années. Du moins en Occident, car, comme le rappelle l’auteur de Les Couleurs invisibles (Flammarion), environ deux tiers de la population mondiale vit encore dans un environnement chromatique fort.
Dominantes noire, grise et blanche
Une étude britannique a comparé la couleur de 7 000 objets du quotidien qui faisaient partie de la collection d’un musée, en se basant sur les pixels de photos de ces objets. Résultat : les noirs, les gris et les blancs représentaient environ 15% des couleurs vers 1800 ; ils en monopolisent presque la moitié aujourd’hui.

Pourquoi y a-t-il plus de voitures blanches ?
Actuellement, 3 voitures vendues sur 4 sont blanches, grises ou noires. En 1952, les trois quarts étaient rouges, vertes ou bleues. On peut l’expliquer par le fait qu’une voiture à la carrosserie plutôt neutre est plus facile à revendre. Les constructeurs s’ajustent donc et les assurances coûtent moins cher pour une voiture blanche. Cette couleur est d’ailleurs passée de 5% du marché neuf en 2006 à un tiers aujourd’hui. En clair, la production de masse a standardisé les produits, conçus pour plaire au plus grand nombre.

Les peintures les plus populaires
Même chose pour les peintures d’intérieur. Les tons vifs des années 1960, 1970 ou 1980 contrastent avec les peintures les plus populaires en 2020 : des beiges, des gris, des bleus foncé. Ces tons sont plus neutres, plus épurés, ou moins personnels et plus fades, selon l’appréciation de chacun. Car c’est aussi une histoire de goût, qui se retrouve dans la mode par exemple.

Les créateurs de mode s’habillent en noir
Jean-Gabriel Causse attire notre regard sur “les ambassadeurs de la mode que sont les grands couturiers. Ils sont tous, sans exception, habillés en noir. Même Jean-Paul Gaultier qui, dans les années 1980, portait une marinière bleu et blanc, s'habille en noir aujourd’hui dans ses défilés.”
Il faut dire que la couleur et la mode, c’est un peu “Je t’aime, moi non plus”. Dans les années 1860, Édouard VII, futur roi d’Angleterre, popularise le smoking, qui porte ce nom car il se met par-dessus les vêtements pour les protéger de la fumée de cigare. Le smoking, d’abord bleu nuit, glissera vers le noir, qui deviendra une couleur courante en période de deuil général post-Première Guerre mondiale. La sobriété est vite transformée en symbole d’élégance féminine pendant les années folles, et en 1926, une certaine Coco Chanel créé sa petite robe noire.

Les couleurs dans les Trente Glorieuses
La couleur fait son retour à partir des Trente Glorieuses. On pense au orange des années 1960, au rouge des années disco, aux survêts des années hip-hop. Des marques comme Benetton ou Pantashop sont à la mode. Et pourtant, la mode des années 2010 revient à des tons sobres.
“On oublie l’usage de la couleur, analyse le designer. Quand on ouvre son placard le matin, on s’habille en beige, en bleu marine, en écru : on sait qu’on ne fera pas de faute de goût. Moins il y a de couleur autour de nous, moins on a envie d'en porter.”

Couleurs fades au cinéma
Au cinéma aussi, la colorimétrie s’est affadie sur les deux dernières décennies. Car, entre autres, comme on vous l’avait expliqué dans une précédente vidéo, l’arrivée du numérique a modifié la manière de filmer et de traiter les images. En parlant de numérique, les téléphones, ordinateurs, télévisions, sont à dominante noire. En comparaison, voici leurs équivalents dans les années 1990. Cette monochromie est en partie due à l’évolution des matériaux, et elle permet aussi de contrebalancer les couleurs éclatantes de ce qui se trouve dans les écrans. Car d’un côté, il faut bien reconnaître que nos yeux sont ultra-sollicités par des couleurs qui veulent incarner une identité de marque comme celles des logos, des applications ou des spots de publicité.

Pour comprendre l’omniprésence de tons fades dans l’architecture, il faut faire un détour par l’art et la théorie de la couleur. 18 juillet 1993 : David Batchelor, un artiste écossais, travaille sur une petite sculpture dans son studio londonien. Il décide sur un coup de tête de la peindre en rose vif. Révélation. “En faisant ça, ça m’a frappé à quel point il y avait peu de couleur à la fois dans mon studio mais aussi dans l’art en général, se souvient l’artiste. J’ai été formé à l'école de l’art conceptuel où tout tendait vers le noir, le blanc et le gris.”

Chromophobie
David Batchelor se met alors à réfléchir sur le rôle de la couleur et invente un terme, dont il a fait le titre d'un essai, “Chromophobie”, et qui désigne “la peur de la couleur en Occident”. Vulgaire, peu raffinée, décadente : il faudrait, selon certains théoriciens de l’art, se méfier de la couleur. “Elle serait étrangère aux rouages supérieurs de l’esprit occidental”, explique David Batchelor.
Charles Blanc, un bien nommé critique d’art du XIXe siècle, écrit que la couleur est secondaire dans l’art. Une œuvre doit être appréciée avant tout pour son dessin, ses formes. Il attribue à la couleur plusieurs traits, énumérés par le sculpteur et plasticien : “Orientale plutôt qu’occidentale, féminine plutôt que masculine, infantile plutôt qu’adulte”.

Immature, la couleur ?
On retrouve cette influence, consciente ou pas, dans le cinéma : dans un des premiers films en couleurs, Le Magicien d’Oz en 1939, une petite fille est transportée dans un monde en couleurs, qui est celui du rêve, de l’illusion enfantine, pas de la rationalité.
Au début du XXe siècle, des artistes d’avant-garde comme Marcel Duchamp préfigurent un usage réduit de la couleur. Une approche qui fera école dans l’architecture. C’est à cette époque qu’est fondée l’école allemande du Bauhaus qui fait la part belle aux “non-couleurs”.

L’influence des avant-gardes en architecture
Dans les années 1920, l’architecte franco-suisse Le Corbusier, le Néerlandais Theo van Doesburg et d’autres architectes soviétiques lancent une croisade contre la couleur ; ils changeront d’idée quelques décennies plus tard. “Le Corbusier est un cas paradoxal, sourit David Batchelor. Plus tard, dans les années 1950 et 1960, il a abandonné ces idées.”
“Ce que les architectes actuels ont oublié, c’est que Le Corbusier mettait de la couleur partout, souligne Jean-Gabriel Causse. Prenez la Cité radieuse, par exemple, à Marseille. Chaque porte a sa couleur, les couloirs sont très colorés.”
En clair, les architectes qui ont suivi ont oublié d’utiliser le noir, le blanc, le béton comme des “contre-couleurs” pour jouer sur les contrastes et faire ressortir des tons vifs. Bien leur aurait pris de s’inspirer de cette jolie phrase du philosophe Ludwig Wittgenstein : "Une couleur ne brille que dans un certain environnement, de la même façon que les yeux ne sourient que dans un visage."

Après les “30 Glorieuses”, les “30 Génériques”
Résultat : verre, béton et métal ont poussé un peu partout. À partir des années 1980 et jusqu’à aujourd’hui, la tendance se renforce : les infrastructures modernes de Jean Nouvel ou de Jean-Michel Wilmotte font la part belle aux formes, au mouvement, avec des tons neutres et froids.
A l'intérieur, le blanc revêt les murs, et on cloisonne les bureaux avec des paravents gris. Des objets si caractéristiques de la trentaine d’années qui a succédé aux Trente Glorieuses que le journaliste Jean-Laurent Cassely les a originalement surnommées les “Trente Génériques”.
On connaît l’importance des couleurs pour le bien-être et le développement psychomoteur des enfants. Elles sont des repères sociaux inconscients aussi, une manière de communiquer sur soi. Habillez-vous en rouge pour incarner le leadership, en bleu pour la confiance et la loyauté.

Retour de la couleur
Jean-Gabriel Causse est plutôt optimiste quant à un retour de la couleur : “Je pense qu’on a vraiment atteint un plancher et qu’on est en train de rebondir”. Dernièrement, de nombreuses personnalités ont fait parler d’elles en arborant des tenues monochromes emblématiques : on pense au rouge arboré par l’acteur Timothée Chalamet sur le tapis - rouge - de la Mostra de Venise en 2022, ou encore aux multiples couleurs revêtues par le pilote de F1 Lewis Hamilton. Et en Californie, les entreprises de la Silicon Valley ont aussi lancé la mode de nouveaux bureaux et autres espaces de co-working de couleurs vives. Alors, 2023 sera-t-elle l’année de la couleur ?

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À Bruxelles, cinq musées et un hôpital expérimentent "l’art sur ordonnance".

"Twist" rencontre les initiateurs de ce projet pilote visant à exploiter les vertus thérapeutiques de l’art. À Bolzano, une exposition remet en question la distinction opérée entre les corps sains et les corps malades. En Thuringe et à Berlin, "Twist" découvre les propriétés curatives de l’architecture.

C’est un pas de géant dans le domaine de la santé mentale : à Bruxelles, un projet pilote propose de l’art sur ordonnance.
Les personnes souffrant de burn out ou de dépression se voient désormais prescrire des visites de musées, auxquelles elles peuvent se rendre avec trois accompagnants maximum. Romy Straßenburg rencontre Delphine Houba : convaincue des vertus thérapeutiques de l’art, l’échevine de la culture est à l’origine du partenariat entre la ville de Bruxelles et l’hôpital Brugmann.

"Twist" s’entretient ensuite avec Vincent Lustygier, l’un des médecins prescrivant de l’art sur ordonnance. Selon ce chef de clinique, la fréquentation des lieux culturels favorise non seulement la guérison, mais aide également les personnes souffrant de troubles psychiques à lutter contre l’isolement social. Le projet compte pour l’instant cinq institutions partenaires parmi lesquelles le musée de la Ville de Bruxelles, le musée Mode & Dentelle et le musée des Égouts.

Enfin, "Twist" rencontre les membres du Pont des Arts. Depuis plus de 20 ans, cette association rassemble des artistes qui viennent illuminer le quotidien des personnes hospitalisées, principalement des enfants, grâce à la peinture, le chant ou encore la danse.

Le concept de "Healing Architecture" souligne depuis longtemps le rôle joué par l’architecture dans le processus de guérison.
En Thuringe, un hôpital conçu par l’architecte Matteo Thun illustre parfaitement ce principe.

Depuis la pandémie de Covid-19, la maladie occupe une place centrale dans les productions artistiques.

À Bolzano, l’exposition Kingdom of the III provoque et interroge : en ces temps de guerre, d’inflation et de changement climatique, ne sommes-nous pas tous malades ?

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